Sacré cette année champion de Suisse de 5,5 m JI, Bernard Haissly a bouclé une très belle saison de voile en compagnie de ses fidèles équipiers Nicolas Berthoud et Daniel Stampfli. Engagé dans des régates internationales depuis plus de 40 ans, il nous parle de sa passion, de son équipe, et de ses souvenirs.
Double Champion du monde, quadruple champion d’Europe, vainqueur de la Gold Cup : Bernard Haissly est l’un des régatiers les plus titrés de la SNG. Et l’aventure continue ! Bien qu’âgé de 76 ans et naviguant au sein du « plus vieil équipage de la flotte », il a remporté cet été le Championnat Suisse de 5,5 mJI devant de véritables légendes de la voile internationale : le champion olympique polonais Mateusz Kusznierewicz, le danois Kristian Nergaard, qui fut Champion du monde à onze reprises, Phil Durr, Jurg Menzi et bien d’autres.
Skipper et propriétaire du 5,5 mJI Caracole, Haissly régate au niveau international depuis plus de quarante ans, avec toujours plus ou moins le même équipage : Nicolas Berthoud (Canard), Daniel Stampfli. « Et quelques autres que je tiens à mentionner : le regretté Gérald Bechard, Patrice Mégevand, Jean-Michel Pachoud. Et surtout Marco Chevallier, qui fait toujours partie de l’équipe et qui nous accompagne dans tous les déplacements ; c’est lui qui remorque le voilier et qui nous aide à le mettre au point grâce à son talent de mécanicien. Nous lui devons beaucoup. »
L’aventure débute dans les années soixante, en 6 mJI, aux côtés de Charles-Edouard Müller. « J’ai ensuite acheté mon premier 6mJI en 1974, puis un autre en 1981. Mais le coup de ma vie, je l’ai réussi en 1985 en rachetant le SUI77 Fléau (ex Gitana Junior ex Junior). Avec lui, nous avons remporté deux titres mondiaux, quatre titres européens et de nombreux titres de Champion de Suisse. »
En 2007, il vend son 6mJI, trop lourd à gérer d’un point de vue logistique, et acquiert Caracole, un 5,5mJI de 2004 dessiné par Sébastien Schmidt. « J’ai une véritable passion pour les voiliers de classe métrique », précise-t-il. « A cause de leur finesse, leur beauté, leur précision. C’est un bonheur absolu à barrer. Ce sont des bateaux lents, sur lesquels on se bat pour gagner quelques mètres. Notre plaisir n’est pas d’aller vite, mais d’aller plus vite que les autres. »
Bernard sillonne l’Europe, de Cowes à Helsinki, Nynäshamn, Hankø, San Remo, Benodet ou Torbole. « Ce sont souvent de beaux endroits, mais aussi des plans d’eau très exigeants. Des fois, on en bave vraiment ! »
Réputé et respecté sur l’eau, il affectionne ouvertement les troisièmes mi-temps. « Nous ne sommes pas réputés pour notre sobriété », rigole-t-il. « Je suis très sensible à l’ambiance des classes métriques, qui est excellente. Le niveau est très élevé, avec de nombreux Champions olympiques ou du monde, et les régates sont très serrées. Mais nos adversaires sont aussi en général des gentlemen amicaux à terre. »
La relation d’amitié qui le lie à son équipage fait également partie de ses motivations. « Nous nous voyons très souvent en dehors des courses, pour un bon repas et de bonnes bouteilles. Par contre, une fois sur l’eau, nous sommes extrêmement sérieux et nous formons une structure horizontale, où je ne suis pas le patron. Je suis à la barre, Nicolas Berthoud au milieu et Daniel Stampfli à l’avant. Chacun a sa responsabilité et un niveau d’exigence élevé. Si je fais une erreur, je me fais copieusement engueuler. Mes coéquipiers sont des champions et tolèrent peu d’erreurs. Je leur suis redevable : ils m’ont tout appris et m’ont permis de beaucoup progresser au fil de ma carrière de régatier. »
Bernard Haissly n’a pas du tout l’intention de déposer son ciré et dispute aujourd’hui encore deux régates internationales par an (l’Alpen Cup au lac de Garde et le Championnat du monde de la classe), ainsi que quatre régates en Suisse. Il est par ailleurs toujours engagé professionnellement, comme avocat, et conseille ses clients en matière bancaire et commerciale, et il plaide encore devant les tribunaux civils.
Bernard confesse par ailleurs une passion pour le jardinage et bichonne plus de 100 pots de fleurs. Membre du Comité du Cercle de la Voile de la SNG pendant dix ans, il a également présidé la classe des 6mJI pendant près de vingt ans, siégé au Conseil d’administration de la CGN et de la Neptune. Féru d’art, il affectionne la peinture et la musique classique et connaît le jazz « par coeur ». Reste que la voile, qu’il assimile à un jeu d’échecs sur l’eau, demeure sa plus grande passion. « J’aime tout ce qui est beau », conclut-il.